Lors des BIS 2018, nous faisons le constat que les tables rondes et autres échanges professionnels qui traitent de la diffusion des œuvres ne donnent pas la parole aux équipes administratives des compagnies.
Seuls les artistes et les directeurs.trices/programmateurs.trices s’expriment à ce sujet, fustigeant la plupart du temps le métier de chargé.e de diffusion (« parasite à la relation artiste diffuseur»,« pollueur de boîtes mail, » etc.).
Nous constatons avec amertume que le métier n’a pas bonne presse, et que les conditions même d’exercice de ce métier ne vont pas dans le sens d’une amélioration : c’est un métier non-considéré par le reste des maillons de la chaine de l’accompagnement artistique, qui s’exerce souvent dans des conditions précaires, un métier fragile, qui contribue à la fragilisation des compagnies, au turn-over des collaborateurs, etc. C’est un cercle vicieux. Comment en sortir ? Comment lui rendre ces lettres de noblesses ?
Un petit déjeuner et un livret …
A l’issue de ces rencontres, et déstabilisée par ces multiples propos, la Nantaise de Diffusion décide de convoquer pour un petit-déjeuner, plusieurs chargé.es de diffusion/production de la région nantaise et quelques directeurs.trices / programmateurs.trices, ce qui nous permettra chacun de partager nos doutes, nos revendications, nos contraintes de travail, nos espoirs les plus fous, nos utopies de relations de travail apaisées. A l’issue de ce rassemblement (une quarantaine de personnes), 4 pistes de travail se dessinent pour la Nantaise :
- Le premier contact entre une compagnie & un.e programmateur.trice
- La formation initiale et/ou continue des chargés de diffusion
- Les stratégies alternatives de visibilité de projets artistiques
- Le manque d’une agence de diffusion régionale en Pays de la Loire
Ensemble, nous faisons le choix de réfléchir sur le premier point, en nous appuyant sur le Livre Blanc de la Diffusion, alors récemment publié par l’agence régionale Spectacle Vivant en Bretagne. Le livre blanc revient sur les bonnes pratiques, conditions des bonnes relations entre équipes artistiques & diffuseurs. Cependant, il part du postulat initial que la rencontre a déjà eu lieu entre l’oeuvre & le / la programmateur.trice, or une grande partie du travail de diffusion intervient avant ce moment. Tout le travail de diffusion consiste à ce que le diffuseur se déplace et découvre un travail qu’il ne connaît pas.
« Je vous invite à consulter mon site internet »
C’est justement à cet endroit que la tâche du / de la chargé.e de diffusion se corse : pour ne pas multiplier les sollicitations inutiles, il lui faut cibler les lieux qui correspondent au projet qu’il défend. Et pour cibler, le seul outil dont il dispose et vers lequel on le renvoie de façon systématique, c’est le site internet des théâtres.
Or, une récente étude du TMNLab (Laboratoire théâtres & médiations numériques indique que les sites internet de théâtres s’adressent en priorité aux publics, aux partenaires, aux enseignants, et très rarement aux équipes artistiques, pourtant indispensables à leurs activités et principaux partenaires. La tâche est donc ardue pour les chargé.es de diffusion de regrouper les informations qui leur sont primordiales pour évaluer la bonne adéquation des projets; informations techniques sur la structure, informations pratiques sur les méthodes et temporalités de travail du / de la programmateur.trice, informations détaillées sur les aides à la création, etc. Nous nous mettons alors en devoir de trouver une solution, un outil, qui puisse contrevenir à 2 problèmes majeurs dans nos métiers :
- le jeu constant de devinettes auquel doit se prêter le / la chargé.e de diffusion au moment de son ciblage
- la sur-sollicitation des programmateurs.trices sur des projets ne correspondant pas à leurs ligne de programmation
Nous ne reprendrons pas à notre compte l’ensemble des conclusions connues quant à la nécessité pour toute structure de prendre le temps de faire le point sur ses méthodes, ses démarches, ses protocoles de travail mais nous nous concentrerons sur ce qu’une telle démarche peut nous apporter dans ce cas.
Le bénéfice recherché de cet outil en construction est double :
- il permet aux chargé.es de diffusion d’avoir une meilleure lisibilité des projets
de structures et de mieux cibler ses envois - il permet aux programmateurs.trices de recevoir des propositions plus adaptées et calibrées à son projet
Informations utiles à partager :
https://lanantaisedediff.wordpress.com/le-guide-cooperation/