25 mars 2021

AGORA NANTES GRASLIN: Prise de parole de la Nantaise de diffusion

La Nantaise de Diffusion est un réseau dynamique de professionnel.le.s du
spectacle vivant œuvrant auprès des artistes, (principalement en
production et diffusion). Crée en 2014, il est pluridisciplinaire, et son
territoire est celui de l’agglomération nantaise. C’est un endroit
d’échanges de pratiques professionnelles, de formations, de partages
d’outils, un laboratoire de réflexion et d’expérimentation pour l’évolution
de nos métiers. En 2018, ses membres se sont saisis de la question
présente en filigrane dans tous nos processus de travail : celle de la
relation et l’interconnaissance entre professionnel-le-s de la
diffusion/production et responsables de programmation.
Aujourd’hui nous sommes solidaires des mouvements d’occupation des
lieux de cultures en France et notamment ici au Théâtre Graslin à Nantes
ainsi que des revendications portées par ces mouvements et par
l’intersyndicale du spectacle vivant Pays de la Loire.
Nous souhaitons également par ces quelques mots mettre un coup de
projecteur sur la réalité de notre quotidien en tant que cheville ouvrière de
l’ombre, sur nos métiers essentiels dans la relation entre les
organisateurs, les équipes artistiques et les publics. Il nous semble
indispensable d’exposer ici la situation complexe de nos professions de
chargé.e.s de production, de diffusion et d’administration.
Pour tenter de l’expliquer simplement, nos métiers consistent à permettre
aux artistes de présenter leur travail au public dans les meilleures
conditions. Nous cherchons des fonds pour payer le travail de recherche –
les résidences. Nous cherchons des lieux et des partenaires pour qu’un
spectacle puisse voir le jour. Nous assurons toute l’administration d’une
compagnie : paies, suivi financier, etc. Puis, lorsqu’un spectacle voit le
jour, nous faisons notre possible pour qu’il soit programmé. Nous
contactons théâtres et festivals, nous invitons les programateurs/trices à
le découvrir, nous négocions des contrats et enfin nous organisons les
tournées.
En ces temps de pandémie, nous ne chômons pas. Chaque date annulée
entraînant : négociation sur les indemnités d’annulation, tentative de
report, gestion du chômage partiel pour les artistes et techniciens que
nous défendons, etc. Nous avons monté en un temps records des dossiers
de demande d’aide d’urgence pour ne pas couler, pour sauvegarder
l’emploi et les projets. Au bout d’une année, nous sommes épuisé.es. Il
n’est pas rare que nous arrivions aujourd’hui à l’annulation de dates
reportées de l’année précédente.
Il est plus que nécessaire de rappeler que la solidarité interprofessionnelle
est vitale à la survie des compagnies. C’est-à-dire que dans le cadre des
avalanches d’annulation auxquelles nous faisons face, l’indemnisation des
représentations annulées est indispensable, à minima au « coût plateau »(c’est à dire les salaires des interprètes et des techniciens en tournée, les
salaires du personnel administratif et éventuels consommables). Le
chômage partiel ne peut être pris comme substitut au paiement du prix du
spectacle. En effet, il participe à la fabrique de la précarité des personnels
intermittents et permanents des compagnies et des bureaux de
production, et à la mise à mal de leurs modèles économiques.
Pour nous, il est vital de poursuivre une relation éthique dans l’acte de
diffusion, c’est-à-dire que chaque partenaire comprenne le fonctionnement
budgétaire des compagnies et des bureaux de production. Chaque
situation est un cas particulier et le dialogue doit rester ouvert. Est-il utile
de rappeler que si les équipes artistiques font faillites, la réaction en
chaîne impactera tout le secteur. Nous le redisons encore, nous parlons
bien là de la survie de notre écosystème, de sa richesse culturelle.
Il est fondamental aussi de comprendre qu’une compagnie existe au-delà
du moment où elle passe les portes du théâtre. Il existe en effet un long
travail d’organisation, de planification et de gestion avant et après la
représentation publique. Ce temps de travail doit être pris en compte et
valorisé en temps de crise.
L’épuisement des équipes de diffusion, production et administration ne
saurait être passé sous silence.
Le travail de coopération, de compréhension des enjeux de chacun et de
co-construction des projets doit perdurer malgré la crise que nous
subissons toutes et tous.
La Nantaise de diffusion.

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